mercredi 15 janvier 2014

« DE LAISSÉS POUR COMPTE À COUPABLES »

Les retraités sont passés de « laissés pour compte » à « coupables »

Les retraités ont été et sont encore des « laissés pour compte ». Ils ont investi beaucoup. Ils ont investi pour le Québec, pour la génération qui les a précédés, pour la génération qui les suit, pour leur retraite, pour leur propre vieillesse. Ils ont trimé dur. Ils ont bâti.

Quand la désindexation de leur rente de retraite a été décrétée en 1982, ils ont crié gare à l’injustice. Le gouvernement ne les a pas écoutés. Par leurs investissements, ils ont accumulé des surplus imposants dans leurs fonds de retraite. Syndicats et gouvernements en ont fait table rase. À coup de privation, ils ont rempli un bas de laine pour leurs vieux jours, ils l’ont confié à la Caisse de dépôt et placement du Québec. On le leur a vidé de tous les surplus accumulés.

Quand ils démontrent clairement aux élus de l’Assemblée nationale la perte vertigineuse de leur pouvoir d’achat, ils récoltent un sourire complaisant, mais aucun geste tangible.

Ils sont laissés pour compte.

Comme si ce n’était pas assez, voilà maintenant qu’ils sont coupables. Les retraités sont coupables de bénéficier d’une rente de retraite pour laquelle ils ont payé durant toute leur carrière.

Pour Stéphanie Grammond, journal La Presse du 13 novembre 2013, en page 4, ils roulent en Cadillac avec des lunettes roses, alors que la rente annuelle moyenne des 209 628 retraités du RREGOP est de 18 745 $, désindexée de l’IPC – 3 %. Ne roulent-ils pas plutôt en Lada avec des lunettes fumées pour ne pas être éblouis par les augmentations de coûts? Il ne faut surtout pas confondre les retraités des hautes directions du gouvernement avec la grande masse des retraités ordinaires provenant des services publics aux citoyens.

Les retraités sont coupables d’iniquité intergénérationnelle. Selon Martine Desjardins, Le Journal de Montréal, 12 novembre 2013, page 28, un regroupement de jeunes va demander un véritable échange intergénérationnel. C’est plus facile de taper sur les retraités que de travailler à construire un héritage valable à laisser à la génération qui la suivra.

Quand Martine Desjardins dit : « l’équité intergénérationnelle, oui, mais pas juste dans un sens ».
Les retraités ajoutent : « pas seulement quand ça vous avantage. »

Les retraités paient pour l’éducation dont les jeunes bénéficient, alors que plusieurs d’entre eux ont dû se retirer des études supérieures, faute de moyens financiers. Les retraités paient pour les équipements sportifs qu’ils n’utilisent pas. Les retraités paient pour les soins pédiatriques, pour les soins obstétriques, pour les soins dentaires aux enfants, pour les garderies à 7 $, pour le transport scolaire, pour le crédit d’impôt pour enfant, etc.

Pour Mesdames Grammond et Desjardins et pour tous les autres qui comme elles, crient au loup à propos des régimes de retraite, découvrir les véritables causes des déficits est un devoir. Insérer les régimes de retraite dans l’ensemble des mesures sociales fait aussi partie de l’équité.

Retraités, ne plaidons pas coupables. Tous ensemble, debout! Le temps des laissés pour compte a assez duré.

Aline Couillard



 

 

 

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